Pèlerinage à la Sainte Tunique du Christ
à Argenteuil
Le dimanche de Laetare 31 mars 2019
à Argenteuil
Le dimanche de Laetare 31 mars 2019
Le pèlerinage à la Sainte Tunique à Argenteuil (Val d’Oise) le dimanche de Laetare, traditionnellement organisé par l’Union des Nations pour l’Europe Chrétienne (UNEC), aura lieu cette année le 31 mars 2019.
14h45 Rendez-vous devant la salle des fêtes Jean Vilars, 9 boulevard Héloïse à Argenteuil
15h Départ de la procession par le centre d’Argenteuil
15h30 Passage devant la gare d’Argenteuil (trains en provenance de la gare Saint-Lazare)
16h : Basilique : chemin de Croix, mot spirituel, vénération de la Relique du Christ
unec@wanadoo.fr
« Saint Jean est le seul des quatre évangélistes à mentionner textuellement la tunique du Christ lors de la Crucifixion, précisant qu’« elle était sans couture, tissée d’une seule pièce de haut en bas » (Jn 19, 23) ; cette caractéristique du vêtement lui donnant de la valeur, les soldats romains « convinrent de ne pas la déchirer, mais de tirer au sort à qui l’aurait » (Jn 19, 24). Certes, saint Jean a en mémoire la parole du psaume (« Déjà ils se partagent mes vêtements et tirent au sort ma tunique » : Ps 22, 19) et il la rapporte effectivement (Jn 19, 24) ; toutefois, l’évangéliste est le seul disciple à avoir été auprès de Jésus dans ses derniers moments : son récit est donc fondé sur son propre témoignage oculaire (cf. Jn 19, 24 et 35) et il est, à ce titre, d’une importance majeure.
Tirée au sort par les soldats, la tunique du Christ échoua à l’un d’eux. Là s’arrêtent les données de l’Evangile et commencent les hypothèses, plus ou moins sérieuses : ainsi, une fable médiévale racontait que Pilate l’avait achetée à Rome et l’avait revêtue lors de sa comparution devant un tribunal, ne pouvant ainsi, grâce à elle, être convaincu de crime et condamné ; mais, s’enfuyant ensuite à Vienne, à quelques lieues de Lyon, alors capitale des Gaules, il s’y serait suicidé. Si l’on ne peut bien évidemment rien retenir de cette légende, on peut en revanche tenter de reconstituer l’histoire de la tunique avant que les premiers textes n’en fassent mention à la fin du VIe siècle ; en effet, il est possible que la tunique ait été récupérée, peut-être moyennant finance, auprès du soldat qui la possédait, que ce soit par Marie ou par l’un des apôtres.
Puis le rejet dont sont bientôt victimes les premiers chrétiens, et certainement avant les persécutions menées contre eux, à la suite de la lapidation de saint Etienne vers 35.
A cet égard, il convient de citer à nouveau le témoignage de saint Jean : après l’arrestation du Christ et sa présentation devant le grand prêtre Anne, l’évangéliste rapporte qu’un disciple, non nommé mais « connu du grand prêtre, entre dans le palais en même temps que Jésus … et fait entrer Pierre »(Jn 18, 15-16) ; il apparaît donc à l’évidence que, malgré la pression qui étreint alors la toute jeune communauté chrétienne, des réseaux de connaissances personnelles ne l’isolent pas encore totalement du milieu juif dont elle est issue. Par conséquent, l’hypothèse selon laquelle les apôtres seraient rentrés en possession de la tunique du Christ est tout à fait plausible ; et, dans ce cas, il faut supposer que cela se produisit peu de temps après la Résurrection, étant donné la méfiance,
C’est dans cette perspective que Fr. Le Quéré suppose que la tunique du Christ, à la fois précieuse relique et vêtement frappé d’interdits religieux juifs relatifs à la présence de sang, fut confiée à saint Pierre : en effet, il était originaire de Galilée, région moins légaliste que la Judée vis-à-vis des diverses prescriptions religieuses ; de plus, le premier chef de l’Eglise résidait notamment à Joppé « chez Simon, le marchand de cuir, celui qui a une maison au bord de la mer » (Ac 10, 32), c’est-à-dire chez quelqu’un dont le métier était considéré comme particulièrement impur aux yeux des Juifs pieux. Cette caractéristique aurait ainsi permis de garantir la tunique du Christ contre tout acte malveillant et, quoique maculée lors de la Crucifixion, elle put ainsi être pieusement conservée, du moins jusqu’en 64, date à laquelle la ville de Joppé est détruite par l’armée romaine, suite à la révolte des Juifs ; la population ayant été entièrement massacrée, la relique, probablement soigneusement cachée avant l’assaut, demeura longtemps ignorée jusqu’à sa redécouverte à la fin du VIe siècle.
C’est en effet à Joppé que, selon la Chronique de Frédégaire, la Sainte Tunique fut retrouvée en 590 ou 591, chez un Juif nommé Simon, et une grande procession fut bientôt conduite par les patriarches d’Antioche, de Constantinople et de Jérusalem, afin qu’elle soit transférée dans la Ville Sainte ; or, dans son Histoire des Francs, rédigée à l’époque de cet événement, saint Grégoire de Tours rapporte, selon un témoignage indirect, que la relique se trouve conservée dans la basilique des Saints-Archanges à Galata, localité qu’il faut identifier comme étant le faubourg nord de Constantinople. Compte tenu de ces données, il faut par conséquent supposer que la Sainte Tunique ne resta que très peu de temps à Jérusalem, hypothèse au demeurant très probable : en effet, en 614, la ville est pillée par l’armée du roi perse Chosroès qui emporte à Ctésiphon toutes les reliques prises comme butin ; et lorsqu’en 629 l’empereur d’Orient Héraclius Ier en obtient la restitution suite à sa victoire sur les Perses, la Sainte Tunique n’est pas mentionnée, ayant donc été au préalable transportée à Constantinople.
A l’aube du IXe siècle, le vieil Empire romain, séparé en deux entités par Théodose le Grand en 395, semble pouvoir être restauré : en Occident, le roi franc Charlemagne domine un vaste et puissant territoire, patiemment conquis et pacifié, et il devient alors le protecteur et le soutien du pape saint Léon III qui le couronne « empereur des Romains » le jour de Noël 800 ; en Orient, l’impératrice Irène, veuve de Léon IV, règne difficilement sur le monde byzantin avec le titre masculin de basileus (empereur), après avoir écarté son fils du trône. Deux princes coexistant ne pouvant prétendre gouverner des territoires hérités de Rome avec le titre d’empereur, des contacts diplomatiques sont établis entre les deux puissances méditerranéennes, et ce, avec l’appui du pape ; dans le cadre de ces relations, des cadeaux sont échangés et Charlemagne reçoit ainsi de précieuses reliques, parmi lesquelles, selon la tradition, la Sainte Tunique : en effet, nul autre présent ne pourrait mieux symboliser l’unité d’un nouvel empire, certes héritier de Rome, mais également fondé sur sa foi au Christ.
Or, le mariage avec Charlemagne que projette Irène mécontente son entourage : renversée par une révolution de palais, elle est aussitôt déchue de ses pouvoirs au profit de Nicéphore Ier le Logothète en 802, puis exilée sur l’île de Lesbos, où elle meurt l’année suivante. Possesseur d’une insigne relique, mais dont la valeur politique est désormais réduite à néant, Charlemagne l’apporte alors de Rome pour en faire don, selon la tradition, à sa fille Théodrade, abbesse du prieuré d’Argenteuil fondé aux alentours de 660 : cet événement est traditionnellement situé le 12 août 800 à une heure de relevée, d’où l’ancienne coutume de faire sonner chaque jour les cloches de l’abbaye, puis de l’église paroissiale, treize coups à treize heures.
Des mémorialistes rapporte que la Sainte Tunique disparut lors des invasions normandes qui ravagèrent l’empire franc, démembré après le traité de Verdun en 843 : pour la préserver d’éventuelles exactions, elle dut probablement être emmurée au sein même de l’abbaye, et ce, avant 882, date à laquelle Argenteuil succombe au pillage des Normands. Les destructions furent certainement très importantes car les bâtiments restèrent abandonnés durant plus d’un siècle ; et ce n’est finalement qu’en 1003 qu’Adélaïde, épouse du roi Hugues Capet, fit restaurer le monastère de femmes, dont l’église fut dédiée à Notre-Dame-d’Humilité.
II. De 1156 à nos jours
Selon les uns, un ange apparut à un moine qui déambulait dans l’église du prieuré et lui indiqua l’endroit où se trouvait cachée la Sainte Tunique ; pour d’autres, c’est un religieux qui, sonnant les laudes, vit en pleine nuit une lueur miraculeuse illuminer un coin de mur de la nef abritant la relique. Considérant ces récits, le chanoine Jacquemot pense qu’il pourrait s’agir simplement d’une découverte fortuite effectuée par des maçons oeuvrant dans le monastère.
Quelles qu’aient été les circonstances exactes de la redécouverte de la relique, la bulle papale signée par Hugues d’Amiens, archevêque de Rouen et légat du pape, certifie qu’en 1156 la Sainte Tunique a été retrouvée avec des lettres l’authentifiant, aujourd’hui malheureusement disparues ; cette reconnaissance officielle faite en présence de l’archevêque métropolitain de Sens, de l’évêque du diocèse de Paris, de nombreux ecclésiastiques et du roi Louis VII donna évidemment lieu la même année à la première grande ostension connue de la relique. Le chercheur Léopold Delisle pense que ce document date effectivement du XIIe siècle et, du reste, les Chroniques contemporaines de Robert de Thorigny, abbé du Mont-Saint-Michel, et Raoul de Dicet le confirment, de même que Matthieu Paris et Nicolas Trivet quelques années après ; toutefois, ayant examiné la bulle, certains chartistes la jugent très douteuse et antidatée de plus d’un siècle et demi, ce qui expliquerait que saint Louis ne l’ait pas vénéré lors de ses venues à Argenteuil en 1255 et 1260 : en effet, aucun historiographe ne signale cette vénération qui pourrait donc être plus tardive.
Des écrits rédigés entre 1445 et 1496 témoignent de la conservation continue de la relique à Argenteuil. Le 1er mai 1529, elle est portée en procession solennelle jusqu’à la basilique des rois de France à Saint-Denis et, en 1534, à la demande de François Ier, elle fait partie d’une importante procession réunissant à Paris les plus précieuses reliques. Aussi, par lettre patente du 21 janvier 1544, François Ier permet aux Argenteuillais « de faire clore et fortifier ladite ville d’Argenteuil, tant pour la garde et défense et conservation de leurs personnes et biens que du Lieu et Monastère où reposait le très sacré et précieux reliquaire de la Robbe Inconsutile de notre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ ». Cette fortification n’empêche toutefois pas les Huguenots de prendre la ville le 12 octobre 1567 ; mais fort heureusement, la Sainte Tunique échappe au pillage et aux exactions qui s’ensuivent.
Le roi Henri III qui favorisa la reconstruction du monastère d’Argenteuil s’y rendit par la suite en pèlerinage pour vénérer la Sainte Tunique ; de même, Louis XIII par « trois fois y vînt faire ses dévotions, refusant de faire tirer la Sainte Tunique de la châsse et ne voulant l’embrasser par humilité, seul son chapelet étant mis en contact par l’intermédiaire du Trésorier ». Les reines Marie de Médicis et Anne d’Autriche, ainsi que les cardinaux de Bérulle et Richelieu, firent également le voyage à Argenteuil ; et parmi la foule des pèlerins de haut rang qui s’inclinèrent devant la relique, il convient de signaler Marie de Modène, femme du roi d’Angleterre Jacques II qui, chassé de son royaume par la révolution anticatholique de 1688, était alors l’hôte de Louis XIV.
Comme en témoignent ces visites, mais aussi les archives et les nombreux brefs pontificaux, la Sainte Tunique est particulièrement vénérée aux XVIe et XVIIe siècles et le culte continu qui lui est rendu attire de nombreux pèlerins. Conservée par les Bénédictins, la relique demeure alors en sécurité dans leur monastère ; mais survient la Révolution qui provoque bientôt les premiers bouleversements : les moines sont en effet chassés de leur couvent par décret du 10 février 1790 et, dès le 31 mai, la Sainte Tunique est transportée dans l’église paroissiale. Ralliée de force au mouvement républicain, l’Eglise reste profondément divisée et sporadiquement persécutée ; toujours suspecte aux yeux des responsables politiques, elle est progressivement victime de lois visant à restreindre l’expression de la foi. Le 18 novembre 1793, le curé Ozet, craignant les exactions des révolutionnaires anticléricaux extrémistes, décide de découper la Sainte Tunique en plusieurs morceaux : il en confie certains à la garde de fidèles et il en enterre lui-même d’autres dans le jardin du presbytère. La Terreur passée, il ne peut rassembler qu’une partie de la relique, quelque peu endommagée, et la replace dans un petit reliquaire de bois en 1795, lors de la fête de l’Ascension.
En 1804, sur pétition du curé Robin, le cardinal Caprara, légat du Saint-Siège en France, demande à Mgr Charrier de la Roche, évêque de Versailles, de diligenter une enquête ecclésiastique, laquelle, reconnaissant officiellement la relique retrouvée comme étant la Sainte Tunique, en autorise la vénération publique. En 1843, Grégoire XVI déclare l’autel de la Sainte Tunique « autel privilégié » ; le 12 août 1844, lors de la célébration de l’arrivée de la relique à Argenteuil, elle est placée dans un nouveau reliquaire en bronze doré de style néo-gothique, encore visible aujourd’hui. Enfin, le 13 novembre 1854, à la demande de Pie IX, une bande de tissu est solennellement prélevée sur la Sainte Tunique pour être remise au Saint Père, lequel, en remerciement, offre, le 2 février 1857, un cierge bénit, haut de 1,50 m et pesant 4 kg, toujours visible à gauche de la chapelle de la Sainte Tunique.
Conservée désormais dans l’imposant reliquaire de la chapelle qui lui est consacrée, la Sainte Tunique n’en est sortie que lors des grands événements religieux, à savoir les ostensions de 1894, 1900, 1934 et 1984.
III. Les miracles
Compte tenu de sa nature et de la profonde vénération dont elle était entourée, la Sainte Tunique devint naturellement source de miracles. Non datée, mais antérieure à 1546, la plus ancienne mention d’un fait miraculeux attribué à la relique se trouve ainsi dans la « Messe de la Sainte Tunique », laquelle est incluse dans un missel autrefois en usage à Chartres et à Paris : on y relate l’histoire d’un certain chevalier de Haute Pierre qui, atteint d’un mal violent peu après avoir dérobé une partie de la Sainte Tunique, ne recouvra la santé que suite à un sincère repentir et à la restitution de ce qu’il avait volé.
Les premières relations de guérisons sérieusement attestées datent du XVIIe siècle : en effet, c’est en 1673 que Mgr Pierre du Camboust de Coislin, archevêque de Paris, diligente une enquête officielle, afin de déterminer les cas effectivement miraculeux ; cette enquête, présidée par le P. Nicolas Deshayes, chanoine de l’église royale et collégiale de Saint-Paul à Saint-Denis, aboutit ainsi à un recueil de témoignages concernant cinquante-cinq guérisons inexpliquées d’aveugles, d’hydropiques et de paralysés.
Par la suite, et jusque vers 1750, une série d’enquêtes permit de dénombrer une quinzaine de guérisons extraordinaires ; ainsi, en 1675, une enquête spéciale conduite par le P. Charles de Henniques, grand vicaire et official de l’archevêque de Paris, constate l’une des plus célèbres connues à ce jour : il s’agit en effet de celle d’une jeune fille de 20 ans, Catherine Potel, qui, au témoignage certifié par son maître chirurgien et apothicaire Lubin Guérard, dit du Moustier, était depuis sept ans totalement paralysée des deux jambes ; or, transportée devant la Sainte Tunique le 16 juillet 1673, elle recouvrit soudainement l’usage de ses membres jusqu’alors inertes et fut complètement guérie de son mal.
La Révolution passée, la dévotion à la Sainte Tunique connaît un nouvel essor au cours du XIXe siècle, et ce, même loin d’Argenteuil, compte tenu du fait qu’avant 1844 de multiples morceaux d’étoffe provenant de la relique avaient été généreusement donnés à des fidèles ou des ecclésiastiques. De nouveaux miracles ont alors lieu, tel celui survenu en 1843 dans un pensionnat de Fribourg, en Suisse : en effet, un certain Clifford, jeune Anglais âgé de seize ans et demi, se retrouva rapidement alité et en proie à de violentes douleurs, suite à une légère blessure reçue au cours d’une partie de ballon ; devant la détérioration de la santé du patient et l’incapacité de plusieurs médecins à endiguer le mal causée par la blessure, un prêtre apposa par trois fois, en accord avec Clifford, une parcelle de la Sainte Tunique sur le pied malade ; à la troisième application, le jeune homme sentit soudainement « comme si quelque chose entrait dans son pied » et, malgré deux mois de vives souffrances, il fut promptement et entièrement rétabli, puisque dès le lendemain il put de nouveau partager les jeux de ses camarades.
Si de nos jours les guérisons miraculeuses sont devenues plus rares, il n’en est pas moins vrai que la Sainte Tunique conserve une importance non négligeable et demeure pour certains fidèles l’objet d’une sincère dévotion : en témoignent les nombreuses plaques de marbre, humbles marques de reconnaissance qui, depuis 1857 jusqu’en 1992, rappellent, autour de la chapelle dédiée à la vénérable relique, la pérennité des signes d’intervention divine dans des situations probablement jugées désespérées.
IV. Description de la Sainte Tunique et expertises des XIXe et XXe siècles
La Sainte Tunique est le vêtement que portait Jésus lors de sa Passion et qui aurait été recueillie après sa crucifixion. Le premier reliquaire connu est cité dans un inventaire de 1633 : selon la description qui en fut faite alors, il s’agissait d’un coffret en ivoire décoré de scènes illustrant les épisodes de la Passion ; le rédacteur nota le caractère original de cet objet et mentionna l’hypothèse selon laquelle c’était le coffret qui avait été donné à Charlemagne. Au vu des données, même sommaires, de cet inventaire, il est en effet probable que ce reliquaire ait été offert en même temps que la Sainte Tunique, si l’on considère le fait qu’il ait été constituée de plaques d’ivoire, support décoratif très utilisé dans le domaine artistique byzantin.
Trois examens officiels ont été menés sur la Sainte Tunique pour en préciser la nature : le premier fut réalisé en 1892 par Ph. Lafon, chimiste-expert, et J. Roussel, pharmacien de 1re classe, le second en 1893 par M. Guignet et E. David, respectivement directeur des teintures aux Manufactures nationales des Gobelins et sous-directeur des teintures aux Manufactures nationales de Beauvais, et le troisième de 1932 à 1934 par le chanoine Louis Parcot, associé au Dr Barbet et à A. Legrand.
Axé uniquement sur l’analyse des taches visibles sur le devant et le dos de la relique, le premier examen mit en évidence le fait qu’il s’agissait effectivement de taches de sang. L’étude conduite en 1893 par les experts des Gobelins s’attacha à cerner la composition textile et permit tout d’abord de conclure que le tissu était d’origine, non pas végétale, mais animale, en l’occurrence « de la laine fine » ; parallèlement, ils établirent que la Sainte Tunique, comportant quinze fils de chaîne et quinze fils de trame, avait été conçue sur un métier sommaire permettant de créer des vêtements sans couture. Quant aux examens dirigés par le chanoine Parcot, ils confirmèrent les précédentes conclusions et réussirent à définir le mode de coloration du tissu : fixée par un mordant au fer, la teinture brun-rouge « n’était pas constituée par la pourpre des anciens qui était une teinture de luxe et de prix inabordable, mais qu’elle était formée des éléments utilisés couramment dans les teintures ordinaires et de bas prix », probablement la garance ou le cachou, procédé qui correspond bien aux conditions de vie de la Sainte Famille qu’on imagine humbles.
Ainsi, tunique de dessous et vêtement inconsutile, c’est-à-dire sans couture, la Sainte Tunique fut donc faite de laine fine sur un sommaire métier à tisser, puis teinte avec un colorant bon marché, à l’instar des habits que l’on portait en Orient durant l’Antiquité. ; elle est couverte de multiples taches de sang, notamment sur le dos et les épaules. »
Conclusion
« Au vu de sa confection et de sa teinture, des chercheurs ont reconnu que la Sainte Tunique est datable de l’époque du Christ et qu’elle pourrait même provenir de Palestine ; et la surprenante régularité du tissage obtenu malgré la rusticité du matériel utilisé est parfois considéré comme l’oeuvre même de la Vierge : la tradition et les auteurs anciens veulent en effet que la tunique du Christ ait été tissée par Marie sur son propre métier, ce qui fut certainement le cas compte tenu des coutumes et usages du milieu rural de cette période. Parallèlement, les examens effectués par le chanoine Parcot sur l’emplacement des taches de sang encore visibles ont mis en évidence le fait que leurs « positions … sur l’épaule, ainsi que dans la région du dos et des reins paraissent bien coïncider avec les parties du corps où la Croix a dû peser plus lourdement et y provoquer de larges plaies ajoutées à celles de la flagellation ».
De par son mode de fabrication et son procédé de coloration, il est donc clair que la Sainte Tunique est conforme aux vêtements orientaux des siècles encadrant la naissance du Christ, au demeurant bien connus par les différentes découvertes effectuées notamment en Egypte ; et les taches de sang imprégnées dans le tissu correspondent par leur disposition au supplice du portement de la croix qui précède la crucifixion. »
dossier établi par Bruno FORNASIER
- LE QUÉRÉ (François), « La Sainte Tunique d’Argenteuil », Dossiers d’Archéologie, n° 249, décembre 1999 - janvier 2000, p. 132-141.
- LE QUÉRÉ (François), La Sainte Tunique d’Argenteuil. Histoire et examen de l’authentique Tunique sans couture de Jésus-Christ, Paris, François-Xavier de Guibert, 1997.
- RÉTHORÉ (E.), Argenteuil et son passé : 2. La Sainte Tunique - Héloïse et Abélard, s.l., s.n., p. 3-16
- UNEC La Sainte Tunique d’Argenteuil