Notre-Dame de la Joie

vendredi 19 juin 2015
par  Jean-François


Grand Pardon à Notre-Dame de la Joie à Penmarc’h (Finistère)
Le 15 août de chaque année pour la fête de l’Assomption
de la très sainte Vierge Marie



Construite au 15e siècle, face à la mer, à l’abri d’une digue, la chapelle Notre-Dame de la Joie se situe sur la commune de Penmarc’h, au sud-ouest du Pays Bigouden, à l’extrémité sud de la Baie d’Audierne. La chapelle vénère la Sainte Vierge Marie protectrice des marins.

Le Pardon du 15 août est l’occasion de remercier et d’honorer la Mère de Dieu, qui a protégé les marins des dangers de la mer et des tempêtes, qui peuvent être particulièrement fortes en cette zone à risques de submersions marines. Il laisse ainsi s’exprimer la joie des marins et de leurs familles, comme de toute la communauté chrétienne, d’avoir protégé et gardé sains et saufs tous ceux qui doivent s’aventurer en mer.

Cette chapelle, située sur la D80 qui longe la mer, à moins de 500 mètres au nord du phare d’Eckmühl, possède un très beau retable, œuvre de Jean Le Bosser de 1756, ainsi, à ses côtés, qu’un beau calvaire datant de 1588.

Chaque année, le 15 août, pour la fête de l’Assomption de la sainte Vierge Marie, le Pardon à Notre-Dame de la Joie reste de tradition, très suivi et fervent.

Programme

• 10H30 : messe
• 15H : vêpres et bénédiction de la mer

Sites à consulter

Office de tourisme Pardon Notre Dame de la Joie

petit patrimoine

Penmarch

Office de tourisme chapelle Notre Dame de la Joie

Description du pardon de Notre-Dame-de-la-Joie en 1920 dans la « Revue des deux mondes » par André Chevrillon

« 15 août. C’est le jour de Notre-Dame-de-la-Joie, la petite chapelle perdue là-bas sur la grève, face aux infinis, à l’une des extrémités du continent. (…) Le Pardon des marins, dit-on, mais les paysans de toute la région bigouden y affluent et sont de beaucoup les plus nombreux. Cette année la fête sera encore plus éclatante que de coutume. Un désastreux coup de vent a passé sur la côte en octobre dernier, et c’est aujourd’hui que les rescapés doivent s’acquitter du vœu fait dans le suprême péril à Notre-Dame-de-la-Joie. En attendant, avant vêpres, à Saint-Guénolé, on n’avait pas l’air de penser au désastre. Une carriole m’avait jeté, avec un chargement de bigoudens, à la porte d’une grange, au milieu d’une foule chamarrée d’or et de vermillon. Sur plusieurs lignes de bancs, au long des quatre murs, les belles filles attendaient, sans bouger, sans parler (…). Les musiciens arrivés (deux clairons de Plonéour), des marins, toujours plus dégourdis ont ouvert le bal, mais entre eux pour commencer, les belles restant raides, timides, intimidantes. (..) Quelques couples de filles se levèrent et se mirent à tourner et je ne vis plus qu’elles, plus volumineuses, importantes, éclatantes que les hommes. (…) L’atmosphère s’est échauffée (une odeur d’eau-de-vie montait : on buvait sec à côté, sous une tente) ; les belles se laissèrent aller aux bras des hommes en béret [les marins], et puis des hommes en rubans [les paysans], d’abord massés, immobiles, près de la porte, et qui peu à peu se dégourdissaient. (…) »

« Au long d’une demi-lieue de grève, entre les tapis rouges et bruns de lichen et de goémon qui sèchent et jettent une odeur d’iode, c’est, vers la chapelle, une file continue de pèlerins, hommes, femmes, enfants (…). Vers le très vieux oratoire (…) chemine le peuple bigouden : ceux qui viennent de Saint-Guénolé, de Trolimon, et ceux qui viennent de Kérity, de Penmarc’h, de Plomeur, de Plobannalec (…) Les femmes ont des souliers, comme il convient aux jours de fête, mais elles vont pieds nus, et les portent à la main. Elles les mettront, comme on met ds gants, pour assister à vêpres. (…) Vieux et jeunes se pressent autour des cierges, des médailles, des poèles à crêpes, du cidre, (…) des berlingots, des minuscules poires à cochons ! (…) Et les voici qui font la haie devant le porche de la chapelle, les loqueteux, les infirmes, habitués des pardons bigoudens. (…) Tous portent la besace où ils mettent leurs croûtes. Tous tendent une sébile de fer-blanc, et de la même main pend aussi un chapelet. (…) Presque tous ces mendiants d’ailleurs ont leur chien, de fortes bêtes, qui bordent avec eux l’entrée de la chapelle. (…) De toute cette bordure de misère monte un vagissement doux, continu, où reviennent les mots des oraisons : En hano an tad… Itroun Varia… Evelse bezo gret ! (« Au nom du Père… Madame Marie… Ainsi-soit-il ! »). (…) Sous le rude calvaire se tient un chanteur (…) Il récite des sones dont il vend pour un petit gwennek [« sou » en breton], le texte. (…) Là-bas, dans le fond (…) les rescapés de la tempête d’octobre, ceux dont j’ai vu le bateau crevé, parmi trente autres, dans la baie de la Torche, l’automne dernier, quelques jours après le désastre91. (…) Dans l’instant du péril, ils ont fait un (…) vœu : suivre en groupe Notre-Dame à sa procession le jour du Pardon. Pour un tel rite, la tenue commandée par la coutume est encore celle qui signifiait, au Moyen Âge, l’humilité religieuse : nu-tête, déchaux [déchaussé], en chemise, une cire de tant de livres à la main. (…) Leurs femmes aussi sont là : elles finissent de les mettre en tenue votive, leur enlèvent vestes et gilets92. (…) La procession pour finir, annoncée par une volée de cloches, (…), la théorie des bannières, des saintes figures suspendues, avec les hautes croix d’argent. Ils vont décrire un grand circuit entre les petits talus de galets, entre les prés où sèchent des tapis de <varechs93. »

source : wikipedia