Pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté de Paris à Chartres

lundi 18 mai 2020


Pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté
de Paris à Chartres
Les 30, 31 mai et 1er juin 2020
« Saints anges, protégez-nous dans les combats »



Le pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté, de Paris à Chartres, pèlerinage de Pentecôte, cette année les 30, 31 mai et 1er juin 2020, est porteur d’un thème de circonstance : « Saints anges, protégez-nous dans les combats ». Le combat est âpre en effet contre les forces hostiles au Christ, qui acceptent bien l’ouverture des grandes surfaces alimentaires, des bureaux de tabac, des commerces de manière générale, mais ont tout fait pour ignorer le culte catholique, essentiellement public et centré sur la messe et l’Eucharistie, avec la Présence Réelle du Christ dans l’Hostie consacrée. Le ministre de l’intérieur, ministre des cultes, serait-il à ce point inculte ou incompétent, ou est-il un agent de l’Antichrist qu’il ne sache pas ce qu’est une messe catholique ?

Quoi qu’il en soit, les organisateurs d’un des plus grands pèlerinages de France ont dû se résoudre à ce que ce pèlerinage 2020 se déroule largement devant les écrans d’ordinateur. En attendant de pouvoir donner de plus amples précisions quant au programme et au déroulement de cette session 2020, nous reproduisons ici un extrait du reportage de Charlotte d’Ornellas dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles :

« Chaque année, à la Pentecôte, des milliers de pèlerins marchent de Paris à Chartres, à l’appel de l’association Notre-Dame de Chrétienté. A cause du coronavirus, l’édition 2020 est compromise.

Alors qu’Emmanuel Macron annonçait le confinement et l’interdiction de tout rassemblement, le 17 mars dernier, les équipes de l’association Notre-Dame de Chrétienté étaient entrain de finaliser le plan de marche de la 38e édition du pèlerinage organisé chaque année entre Paris et Chartres, le week-end de la Pentecôte. Tout était prêt, des grilles horaires aux multiples détails logistiques qu’impose un tel évènement. A l’époque, il fallait déjà prévoir une éventuelle prolongation du confinement, et donc tout revoir : finies les réunions, place aux visioconférences. « Depuis le premier jour, nous sommes dans l’incertitude permanente en raison de l’évolution des règlementations, confie Augustin, responsable des pèlerins pendant ces trois jours de marche, alors nous avons immédiatement travaillé sur un plan B lui-même composé de plusieurs options ! »

Concrètement, il fallait imaginer un pèlerinage en cas de confinement, de semi-confinement ou de liberté surveillée. Trois options qui s’offrent toujours à l’imagination… à deux semaines de l’évènement !

Chaque année, ce pèlerinage rassemble de plus en plus de jeunes. L’an dernier, ils étaient 17 000 inscrits, après une progression de 50% en cinq ans seulement. Il a très rapidement fallu se rendre à l’évidence : un tel rassemblement est impossible. La colonne de pèlerins, qui s’étend d’habitude sur des kilomètres de longueur, ne pouvait s’imaginer en respectant la distance requise par les autorités aujourd’hui. D’autant que le trajet comporte plus de kilomètres que la centaine autorisée.

Un pèlerinage… virtuel

Que faire ? Annuler en attendant l’année suivante ? « Nous n’avons jamais voulu supprimer ce rendez-vous parce que nous avons besoin de cette communion visible de prières, d’autant que les catholiques sont privés de la grâce des sacrements de façon franchement problématique », explique Jean de Tauriers, président de l’association Notre-Dame de Chrétienté. Comme beaucoup d’évêques, de prêtres et de fidèles catholiques, les organisateurs ont du mal à digérer le prolongement de l’interdiction du culte public dans le pays. Ils se sont d’ailleurs associés à un référé contre le décret mais en attendant la réponse, tous ont décidé de respecter les règles imposées à tout le pays. Le pèlerinage n’aura donc pas lieu sous sa forme habituelle.

Pourtant, les cadres de l’association ne cessent d’encourager les pèlerins à s’inscrire. Impossible de soupçonner un intérêt financier à cet appel : cette année, l’inscription au pèlerinage est gratuite ! Et les inscrits sont déjà plus nombreux que l’an dernier à la même date… Que comprendre d’un pèlerinage apparemment annulé, auquel il faut pourtant s’inscrire ? Le pèlerinage aura lieu sous une forme virtuelle à l’échelle nationale, et se déclinera localement par de petites initiatives des chefs de chapitre.
En clair, personne ne marchera de Paris à Chartres, et les pèlerins devront attendre 2021 pour se retrouver. Mais ils pourront, pendant le week-end de la Pentecôte, suivre les messes et les méditations sur leurs écrans d’ordinateurs. La marche est annulée, mais les nourritures spirituelles restent à disposition : l’aumônier des pompiers de Paris que la France avait découvert le soir de l’incendie de Notre-Dame, l’abbé Fournier, dira la messe le premier jour, en direct de Saint Sulpice. La seconde sera dite dans un couvent mayennais tandis que celle du lundi de Pentecôte sera en direct de Saint-Pierre de Rome.

Des initiatives locales, dans le strict cadre légal

Les méditations, elles, seront retransmises régulièrement sur le site de l’association, préalablement enregistrées par les chefs de chapitre eux-mêmes. Pour ceux qui le veulent ou le peuvent, quelques initiatives locales sont également encouragées, dans le cadre légal imposé : des messes en petit comité, des rosaires communs entre les familles, des incitations à aller fleurir des calvaires, à nettoyer des tombes, à retirer les toiles d’araignée, à pèleriner jusqu’à l’église voisine en famille pour y prier et peut-être même y passer un coup de balai ! « Nous devons tous avoir l’humilité de comprendre aussi qu’une démarche pèlerine ne nécessite pas de parcourir 120 kilomètres », résume Augustin. Certains chefs de chapitre s’activent sans relâche pour proposer des alternatives concrètes à leurs ouailles. C’est le cas d’Arnaud, chef d’un chapitre dédié aux chrétiens d’Orient et d’Occident. Il ne sait pas encore à quoi ressemblera le week-end, mais essaie déjà d’organiser des petits groupes de 10 pèlerins disséminés sur de petits chemins autorisés. L’heure est au système D dans chaque région de France, et Arnaud ne cache pas son désarroi : « Le plus dur dans tout cela, c’est que nous sommes une religion de l’incarnation… Nous nous démenons pour offrir le plus concrètement possible ce week-end à la Sainte Vierge, comme chaque année. » Un drôle de pèlerinage, en attendant le suivant que tous préparent déjà activement.

Du côté des pèlerins, l’heure fut d’abord à la déception. Entre ceux qui attendent le rendez-vous chaque année et ceux qui s’étaient promis d’y aller pour la première fois, le sentiment est unanime. Les commentaires, en revanche, varient. Pierre-Emmanuel est lui décidément outré par la situation : « Avec une chance infinitésimale de mourir, on ne prend pas le risque de vivre… même si ce qu’il faut faire pour ne pas mourir doit nous empêcher de vivre ! », explique celui qui voit dans cet envahissant principe de précaution « une défaite de l’Eglise ». D’autres, comme Marine, partagent la difficulté de renoncer à ce rendez-vous, mais concluent avec d’autres mots : « C’est dans ces moments de désert et d’épreuves que le Christ nous demande de lui rester fidèles, alors nous nous tournerons vers le Ciel pour prier. »

L’aumônier du pèlerinage, l’abbé Garnier, s’attarde sur ce point : « Il ne s’agit absolument pas de chanter la désincarnation de la religion, mais de purifier nos attaches. On n’interdit pas le culte avec une revendication de la haine du Christ ou de Dieu mais pour des « raisons invoquées » de santé publique. Le résultat est le même. Donc il faut poser malgré tout ces actes de foi : l’essentiel est Dieu, Il faut donc le servir et l’honorer malgré tout. »

« les grandes causes peuvent mourir si personne n’est prêt à donner sa vie pour elles »

Ce qui pourrait sembler anecdotique reste important pour les organisateurs : une équipe sera chargée de donner le plus de visibilité possible aux initiatives locales, nationales ou étrangères. Sur ce point, l’abbé Garnier s’attarde encore. Lui aussi est (très) agacé par les velléités gouvernementales au sujet des cultes, lui aussi parle à demi-mot de persécution blanche, et lui aussi rappelle que martyre veut dire témoignage en grec. D’où l’importance de ce dernier : « Il y a une différence entre la lucidité et la résignation. Ne disons pas que c’est mieux parce que les catholiques sont moins nombreux, ou que c’est plus spirituel parce que nous sommes plus discrets, moins visibles, moins réactifs. Souvenons-nous que les grandes causes peuvent mourir (ou du moins s’affaiblir) si personne n’est prêt à donner sa vie pour elles. » En d’autres termes, l’impossibilité physique d’organiser le pèlerinage ne doit pas empêcher le témoignage.

Jean de Tauriers résume : « Nous devons combattre, mais certainement pas pas nous laisser abattre. » Cette année, le thème du pèlerinage tombe bien : « Saints anges, protégez-nous dans les combats. » Combattre, donc. « C’est un mot qui est aujourd’hui mal connoté, même chez les catholiques, mais qui est pourtant la mission du baptisé. Il faut simplement avoir à l’esprit que l’on ne lutte pas premièrement contre le mal, mais pour le bien. » Et quel bien visent-ils ? « Une restauration du Règne du Christ. » Plus concrètement, l’aumônier développe trois points : « Restaurer le sacré (par la liturgie, du côté de Dieu, par les causes de la bioéthique, de la famille, du mariage du côté de l’être humain) - restaurer la vérité (à l’heure délétère du relativisme), enfin et surtout restaurer l’espérance (ce désespoir surmonté). Le tout dans un esprit d’unité, de cohérence, de cohésion, de compétence, d’admiration mutuelle, de confiance en Dieu, de prudence et d’audace. » Tout un programme.

Charlotte d’Ornellas

Site à consulter

Valeurs actuelles