Sur les pas de Saint Irénée à Lyon

mardi 21 juin 2016


Pèlerinages sur les pas de Saint Irénée
Grand évêque et théologien
Eglise Saint Irénée de Lyon



Tout pèlerinage en la ville de Lyon, haut-lieu de la Gaule, puis de la France chrétienne, passe par la colline de Fourvière. Mais il est un second site lyonnais, dominant discrètement la colline de Fourvière, situé dans le quartier Saint-Irénée - Saint-Just, en périphérie nord-ouest du périmètre classé patrimoine mondial de l’UNESCO, que tout pèlerin à Lyon se doit d’honorer d’une pieuse visite. Ce site conduit en effet sur les pas de saint Irénée, grand théologien, deuxième évêque de Lyon, où il mourut probablement martyr après la grande persécution lyonnaise de l’an 170, qui vit le martyre de 40 à 50 chrétiens, dont sainte Blandine, saint Pothin, premier évêque de Lyon, Epipode et Alexandre.

C’est en ce lieu que fut construite, au Ve siècle, la première église, au-dessus d’une crypte destinée à abriter les corps de saint Epipode et saint Alexandre, puis de saint Irénée. Grégoire de Tours mentionne en effet que les corps des saints-Irénée, Epipode et Alexandre reposent tous trois dans la crypte de cette première église. Ce sanctuaire, dédié depuis le VIIIe siècle à saint Irénée, connut ensuite bien des destructions. Reconstruite au IXe siècle, érigée en église collégiale au Xe siècle, l’église subit les destructions des huguenots puis des fanatiques révolutionnaires, avant d’être réaffectée au culte en 1802.

Toutefois son état de délabrement conduisit à la reconstruire, au XIXe siècle, dans un style néo-classique, et à restaurer la crypte, dans un style carolingien. L’église et la crypte ont été classées monuments historiques en 1862.

La crypte contient, au centre de la nef, protégé par une balustrade, le « puits des Martyrs », qui aurait contenu les restes de martyrs. Au centre du chœur, se trouve un bloc de marbre blanc considéré comme étant l’ancien tombeau de Saint-Irénée, entouré des autels de saint-Alexandre et saint-Epipode. Sur le côté nord, la chapelle Saint-Polycarpe donne accès à l’ossuaire de la crypte, qui contient une partie des ossements des martyrs, profanés par les huguenots en 1562.

Ce sanctuaire, le plus ancien de Lyon encore affecté au culte, peut se visiter lors de pèlerinages, individuels ou en groupe. Des membres de l’association culturelle des sanctuaires de Saint-Irénée et Saint-Just, fondée en 1995, se proposent de vous y recevoir et de vous y accueillir. L’église et la crypte sont ouvertes tous les samedis de 14h30 à 17h (de 14h30 à 16h30 du 15 novembre au 31 janvier). L’accueil de groupes est fait sur demande à tout autre moment sur rendez-vous. Possibilité de visites guidées.

Le site recèle une autre richesse patrimoniale inestimable : le dernier calvaire monumental urbain en France et son jardin, datant du XVIIe siècle. Un lieu de pèlerinages depuis le XVIIe siècle, où venir absolument lors d’un pèlerinage à Lyon. L’accès au calvaire est réglementé. On peut le visiter chaque samedi après-midi ou sur rendez-vous.

Mobilisation pour mettre en valeur le site et restaurer le Calvaire de Lyon

« Le prêtre Christian Delorme appelle à « mobiliser des fonds » pour « mettre en valeur » le site du 5e arrondissement où aurait été enterré Irénée, penseur majeur de la chrétienté aux IIe /IIIe siècles.
Imaginerait-on parler de Versailles sans jamais évoquer la figure de Louis XIV ? Si la comparaison est osée - encore que Jésus appelât bien à la constitution d’un « Royaume » -, c’est pourtant le sort réservé à Irénée de Lyon, bâtisseur de l’Eglise des premiers siècles. Ce roi soleil des théologiens est éclipsé par d’autres « divins » penseurs ayant eu, à l’image d’Augustin, le privilège de se tailler une place dans le « Saint des Saints » républicain que constituent, en France, les manuels scolaires de philosophie.
Confondu avec une femme
Deuxième évêque de Lugdunum (177-202), Irénée aurait été enterré dans une nécropole, sur le site de l’église portant son nom et dont le clocher, carré comme un père la vertu, pointe au-dessus des immeubles à l’aplomb du tunnel sous Fourvière. Peu nombreux sont ceux qui connaissent aujourd’hui son histoire. Beaucoup (y compris des journalistes) pensent encore qu’Irénée était une femme, en raison du “e” final de son prénom – de quoi faire bondir le moindre inquisiteur de la prétendue “théorie du genre” ! – Et l’on ne mentionne pas l’état de conservation plus que moyen des bâtiments (crypte, église) et du calvaire, tous propriété de la Ville de Lyon qui fait ce qu’elle peut avec les budgets dont elle dispose (1). Le récent déménagement de l’archevêché à la Maison Saint-Irénée, rénovée avec panache sur fonds privés, donne une idée à Christian Delorme, curé à Caluire et membre du conseil épiscopal : « C’est l’occasion de mettre en valeur, juste à côté, l’église, la crypte et le calvaire de Saint-Irénée, visités par des chrétiens du monde entier. Même le patriarche orthodoxe de Constantinople s’y est recueilli en 2009 ! Pourquoi ne pas mobiliser de l’argent, via la Fondation Saint-Irénée ? »
Certes, les reliques d’Irénée ont disparu, peut-être profanées par la soldatesque protestante du baron des Adrets au XVIe siècle – la chronique historique raconte que certains jouaient aux boules avec les crânes prélevés dans la crypte… – Mais qu’importe, au fond, que le saint homme fût inhumé là ou non : il a bel et bien oeuvré à Lugdunum et ses écrits ont fait de lui un “Père de l’Eglise”.
Comment alors ne pas lui donner la sépulture qu’il mérite ? Lyon n’y trouverait-elle pas, en outre, son compte sur le plan touristique ? Mgr Barbarin avait demandé à Benoît XVI de faire proclamer Irénée “docteur de l’Unité de l’Eglise” ; pas de résultat, l’élection du pape François, moins versé dans la pure théologie, ayant entretemps changé la donne.

Un projet avant 2020 ?

« Le jour où un projet intelligent sera proposé pour le site, nous serons ravis de le soutenir », promet Etienne Piquet-Gauthier, directeur de la Fondation Saint-Irénée. Il juge important de « redonner toute sa place à l’Histoire des premiers chrétiens (en Gaule) ». Y compris en valorisant l’amphithéâtre des Trois-Gaules (Lyon 1er ), lieu du martyre de Blandine et propriété de la Ville. L’ouverture, fin 2014 à l’Antiquaille, de l’Espace culturel du christianisme (Eccly), est à marquer d’une pierre blanche : cette histoire est à présent mieux diffusée au grand public. François Lagnau, président de l’association culturelle des sanctuaires de Saint-Irénée/Saint-Just, vient de remettre une note à l’archevêque de Lyon. Il lui propose l’idée d’une commission générale avec le diocèse, la mairie du 5e et la mairie centrale, pour tenter de définir un projet cohérent avant les Municipales de 2020. Irénée deviendra-t-il enfin prophète en son pays ? Alea jacta est… »

(1) L’accès au calvaire est réglementé. On peut le visiter chaque samedi après-midi ou sur rendez-vous. Tél. 04.78.36.61.10 ou 04.78.36.12.59.

Saint Irénée de Lyon, Evêque et martyr (✝ v. 201)

« Irénée venait d’Asie Mineure comme beaucoup d’autres dans cette vallée du Rhône. Dans sa jeunesse, il avait été disciple de saint Polycarpe de Smyrne qui avait été lui-même un disciple de saint Jean l’Apôtre. C’est peut-être ce qui lui donna le sens aigu de la tradition dans l’Église : transmission d’homme à homme du dépôt de la foi. On le retrouve à Lyon. On ne sait pourquoi, car il ne s’est pas expliqué sur les raisons de son voyage. On ne sait pas non plus comment il échappe à la grande persécution qui décime les Églises de Lyon et de Vienne. Etait-il en mission à Rome comme on l’a dit ? En tous cas, il succède à saint Pothin l’évêque de Lyon , mort martyr pendant cette persécution.

Il ne cesse de se dépenser au service de la paix des Églises. Un grand danger le préoccupe : les doctrines gnostiques qui se répandent dangereusement. Elles nient l’Incarnation du Fils de Dieu et mettent en péril l’intégrité de la foi. Saint Irénée les étudie très minutieusement, enquête, interroge, lit. Armé par cette connaissance approfondie de l’adversaire, il rédige un important traité « Contre les hérésies » pour réfuter ces doctrines ésotériques. En même temps, il intervient auprès du pape pour l’empêcher d’exclure de la communion de l’Église les communautés qui fêtent Pâques à une autre date que l’Église romaine. Il n’oubliait pas que son nom signifie : « le pacifique ». L’intelligence, la charité et le sens de la Tradition apostolique resplendissent dans ses œuvres. Il fut le premier grand théologien de l’Église d’Occident et mourut peut-être martyr. »

« .Selon son enseignement, la foi de l’Église doit être transmise de manière à apparaître telle qu’elle doit être, c’est-à-dire « publique », « unique », « pneumatique », « spirituelle »… (Saint Irénée de Lyon - Benoît XVI - audience du 28 mars 2007)

Voir sur le site du musée du diocèse de Lyon :

Eusèbe de Césarée … reprend des éléments d’écrits d’Irénée en partie perdus. Il le présente comme ’presbytre de la communauté de Lyon’ (paroikia) quand la persécution éclate en 177. Il succède à Pothin l’évêque martyr.

Mémoire de saint Irénée, évêque et martyr, vers l’an 200. Comme l’écrit saint Jérôme, il fut, dans sa jeunesse, disciple de saint Polycarpe de Smyrne et conserva fidèlement la mémoire du temps des apôtres. Il était prêtre de Lyon quand il succéda à l’évêque saint Pothin et on pense qu’il a été aussi couronné de la gloire du martyre. Il a exposé sans relâche la Tradition apostolique et publié un ouvrage célèbre en cinq livres contre les hérésies pour défendre la foi catholique. »

Quelques extraits des Oeuvres de Saint Irénée

« La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu : si déjà la révélation de Dieu par la création procure la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe procure-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu » (AH, IV, 20, 7.)

« Ainsi, le Fils, en servant le Père, conduit toutes choses à leur perfection depuis le commencement jusqu’à la fin, et sans lui personne ne peut connaître Dieu. Car la connaissance du Père, c’est le Fils ; quant à la connaissance du Fils, c’est le Père qui la révèle par l’entremise du Fils » (AH, IV, 6, 7.)

« Comment d’ailleurs, seras tu dieu, alors que tu n’as pas encore été fait homme ? Comment seras tu parfait, alors que tu viens à peine d’être créé ? Comment seras tu immortel, alors que, dans une nature mortelle, tu n’as pas obéi à ton Créateur ? Car il te faut d’abord garder ton rang d’homme, et ensuite seulement recevoir en partage la gloire de Dieu : car ce n’est pas toi qui fait Dieu, mais Dieu qui te fait. Si donc tu es l’ouvrage de Dieu, attends patiemment la Main de ton Artiste, qui fait toutes choses en temps opportun, en temps opportun, dis-je, par rapport à toi qui es fait. Présente-lui un cœur souple et docile et garde la forme que t’as donnée cet Artiste, ayant en toi l’Eau qui vient de lui et faute de laquelle, en t’endurcissant, tu rejetterais l’empreinte de ses doigts. En gardant cette conformation, tu monteras à la perfection, car par l’art de Dieu va être cachée l’argile qui est en toi. En effet, faire est le propre de la bonté de Dieu et Le laisser faire, c’est le rôle qui convient à ta nature d’homme. Amen ! » » (AH, IV, 39, 2.)

AH : Adversus Haereses (Contre les Hérésies)

Sites à consulter

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Nominis saint Irénée de Lyon